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En route vers les tulipes !!!

9 octobre 2011

La vie est belle quand on a des mirabelles !

II

 

1jour09

 

Nous terminâmes la traversée de la forêt par les sentiers, et à la sortie, nous vîmes quelques maisons éparses qui formaient un hameau qu’on appelle « Le Bouillon ». En pissant, nous vîmes un serpent dormir dans le fossé, et à 16h18 pétantes, la cathédrale de Sées se présentait au loin. La cathédrale puis rien : voilà ce que nous pouvions voir de notre hauteur. Les alentours n’étaient qu’étendues plates. Nous avions l’impression d’avoir changé de pays. De l’autre côté de la « montagne » d’ Ecouves derrière nous, notre pays, Alençon. Maintenant, la plaine de Sées. Notre périple avait bel et bien commencé. En vagabonds novices, nous entreprîmes la traversée de cette nouvelle contrée. Bien entendu, nous connaissions cette partie du monde. Nous avions parcourus ses routes nationales, vu ses panneaux kilométriques, ses ronds-points, les centres-villes des communes qui la composent. Nous l’avions déjà traversée en voiture, c’est-à-dire que nous n’avions rien vu…

Quelques kilomètres plus tard, pour nous accompagner sur notre parcours des petites routes, des hirondelles jouent aux survol des blés. La faim commence à nous titiller. Nous avons encore quelques provisions, mais demain sera dimanche : il faut anticiper. Nous rallongeons donc notre chemin et mettons le cap un peu plus à l’est, pour rejoindre la ville de Sées. Là-bas nous trouverons à manger.  Sées, ville magnifique, je ne sais comment parler de toi. Reine d’un territoire vide, tu ne pouvais pas être toi-même très remplie. Mais tu nous aura fourni une boutique qui contenait tout ce que nous cherchions. Les sacs remplis, nous repartons vers la campagne, bien sûr par une longue route droite et monotone comme il en existe aux  entrées et sorties de toutes les villes.

Fatigués et les pieds endoloris par cette première journée, nous souhaitons trouver un bivouac au plus vite. Passons une gendarmerie : bon, maintenant, va falloir aller un peu plus loin. Si on se met trop près d’eux, ils vont nous emmerder. Ces forces de l’ordre pourrait foutre le désordre total dans nos rêves. Et quel malheur de voir que cette longue route droite ne s’arrête pas, et de plus se transforme en une route plus grande encore : le cauchemar du voyageur pédestre. Qu’ils soient pressés ces automobilistes, on s’en fout ! Mais étaient-ils obligés de prendre autant de place ?

Arrivés à un grand rond-point qui permet aux voyageurs « cul-sur-mousse », soit de continuer cette route, soit de se diriger vers une autoroute, nulle route plus petite. Nul chemin tranquille. En revanche, un champ de pommiers. C’est décidé, nous nous arrêterons là ce soir. Nous entrons dans le champ, nous calons entre deux rangées de pommiers, vérifions que la route ne peut nous voir. Nous ne sommes qu’en juillet, personne ne viendra travailler dans ce champ demain, nous sommes tranquilles.
Nous enlevons alors nos chaussures pour offrir à l’atmosphère l’odeur de nos pieds exténués, et posons nos sacs. Juste avant de monter la tente, je parcours le champ en frottant bien mes pieds dans l’herbe. Je voyais là une sorte de nettoyage. Il est vrai qu’un citadin empêchant son enfant de marcher pied nu verra mal où est le nettoyage, mais après une trentaine de kilomètres dans les chaussures, cette notion se ressent beaucoup plus facilement. Œuvrant donc à la purification de ma voûte plantaire et de mes interstices de doigts de pied, je me retrouve soudain nez à nez avec un chevreuil. Lui est comme moi : surpris dans ses occupations, il se demande qui est l’individu devant lui. Quelques mètres nous séparent, et nous ne faisons rien d’autre que nous regarder. Au bout de quelques secondes, j’ai une idée : prendre une photo. Lui a une autre idée : tracer ! Il s’en va vers d’autres allées du champ, et je me mets au ras du sol pour voir entre les troncs où sont ses pattes. Il est à cinq ou six allées de moi, alors je tente de le rejoindre : il me faut un cliché. Mais c’en est fini : l’animal est sur ses gardes et au jeu du cache-cache, il est bien plus fort que moi.  Au revoir chevreuil, j’ai été enchanté de te croiser.
Juste après, j’ai une tente à monter et des pâtes à manger. Ce soir je suis l’homme, alors je construis la maison. Ma Pépite, elle s’affaire à chauffer l’eau pour les pâtes. Il en sera souvent ainsi pendant ce voyage : elle la cuisinière, étoilée je précise, et moi le maçon.
C’est ravis d’avoir vécu cette première journée que nous la terminons. Calmés par une fatigue extrêmement saine, nous occupons la fin de journée à parler en nous endormant. Cette nuit nous allons vivre une nuit à l’air frais, les sens connectés à la réalité au maximum, et un peu plus près d’Amsterdam qu’hier…

Le lendemain, nous nous réveillons en même temps que les premiers rayons de lumière. Nous prenons ensuite le temps de s’inventer une grasse mat ‘ en nous tournant et nous retournant dans les duvets. Prendre le petit-déjeuner, apprécier le café et se remettre en chaussures nous occupera jusqu’à 8h30. Alors que j’étais en train de replier la maison nomade, Pépite explorait les alentours et trouva dans une haie, des mirabelles. Des quantités mirobolantes de mirabelles ! Des jaunes et des rouges. Quel plaisir de faire un tel festin avant de reprendre la route ! Devant la quantité ramassée, nous consacrons un compartiment de mon sac  au stockage de ces merveilles sucrées. Nous en aurons ainsi pendant deux jours.

Quand nous voyons que nous ne réussirons pas à manger toute la haie, nous reprenons la route. Beaucoup plus lentement, car nous avons tous les deux mal aux pieds et des courbatures commencent à apparaître. Nous réussissons à trouver un chemin, et quel chemin ! C’est à tout un réseau de chemins que nous accédons. Serpentant entre les champs de blé, de maïs, et d’une céréale que nous ne connaissons pas, ces chemins ne sont
accompagnés d’aucune indication. Lorsque le choix entre deux ou trois chemins s’impose à nous, nous nous décidons grâce au soleil. Soleil qui est en forme aujourd’hui ! La chaleur nous fait vider très rapidement ce qui nous restait d’eau, et tout le reste du temps, nous espérons tomber sur un cimetière pour recharger nos
bouteilles. Seulement voilà, ces chemins ne mènent à aucun bourg, aucun village. Nous sommes dans un désert de champs. Nul cimetière ici, les gens ne meurent probablement pas. Il faudra attendre d’être au Haras-du-Pin pour que je puisse enfin remettre de l’eau dans les bouteilles. Au Pin-au-Haras, qui est la ville du Haras-du-Pin, des voitures d’une bourgeoisie très aisée ou endettée se sont rassemblées pour assister à des épreuves 
équestres. Non intéressés par la chose, nous mettons le cap vers Exmes. Le paysage s’est à nouveau transformé en collines, les plaines sont passées depuis quelques kilomètres déjà, et pour aller à Exmes, la route monte bien !
Juste avant de commencer l’ascension de ce qui sert de perchoir à Exmes, nous franchissons le pont d’une rivière fantôme. Son lit est là, mais l’eau a pris la fuite. Réchauffement climatique ou simple phénomène saisonnier ? Nous ne saurons pas, mais il nous fallut un peu de sueur pour arriver jusqu’en haut. Une fois passé ce petit village pas déplaisant, la route redescend. Nous passons à côté d’une fourmilière d’un mètre de haut, et espérons atteindre une rivière pour faire un brin de toilettes lors de notre bivouac de ce soir. En fin de journée, lessivés par l’effort, nous avons trouvé une rivière. Encrassée par les bouses de vache provenant des champs alentours, cette rivière nous met les nerfs plus à vif que si nous n’avions rien trouvé.

Pépite voit un champ et veut y camper. Elle a mal aux pieds et ne veut pas aller plus loin. Mais le champ est fermé par une barrière et ça me gêne. « Attendons d’avoir trouvé un champ ouvert, ça fait moins provoc’ ! » Ma phrase n’est pas terminée que je vois Pépite franchir tranquillement la barrière, et son allure à cet instant semble me dire : RIEN A FOUTRE !
Nous camperons donc ici ce soir, dans ce champ en pente, avec toujours ce soleil qui tape et brunit nos peaux. A 18h30, je me demande quelle heure il est, et les pâtes chauffent. La tente n’est pas encore posée, je laisse le soleil m’assommer, et en discutant, Pépite et moi prenons la décision de nous arrêter un peu demain à Vimoutiers. Pour se reposer un peu les pieds et se laver.

Dans la nuit qui suit cette journée, me réveillant pour pisser dans le champ, j’ai assisté à ce spectacle sonore qu’offrent les oiseaux nocturnes à qui veut l’entendre. Après une petite demi-heure d’écoute, je me recouchai en me disant que notre planète était vraiment magnifique… La parcourir de ses pieds est encore plus merveilleux...

 

1jour11         

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28 septembre 2011

En route

Le premier pas, tant attendu, se fit un samedi, en milieu de matinée. Notre route vers Amsterdam commençait ! Partant de la mairie, nous revîmes les endroits que nous fréquentions depuis plusieurs mois. « Notre » bureau de tabac, « notre » boulangerie, « notre » parking… Quelques mètres après la boulangerie, notre appartement. Mais cette fois, plus de clé à glisser dans la serrure, plus d’escalier à monter, ni de chaussure à balancer en refermant la porte.

Cette fois, il faut continuer tout droit, et notre lit de ce soir n’a pas encore d’adresse...

Les premiers kilomètres se font avec une facilité étonnante. S’il en était ainsi durant tout le voyage, et pour tous voyages, le monde entier ferait le tour de la planète pour se divertir, et la voiture n’aurait jamais été inventée...  Douce sensation de légèreté  qui nous enveloppe aux premières heures ! A savourer,  car cela ne dure jamais ! La légèreté se révèle vite illusoire, et la réalité, c’est le sac à dos. Sac qui ne manquera pas de présenter quelques petites gênes au fil du chemin, qui elles-mêmes, après s’être bien installées, se changeront en douleurs. Bien sûr, avant de se retrouver complètement ralenti, boitillant au bord d’une nationale, peuvent défiler de nombreux kilomètres, mais prudence, ça vient toujours !
En ce qui nous concerne, pour l’instant notre aura mystique a l’air d’effrayer les difficultés : nous nous sentons sous un bon jour. Nous faisons de la sortie d’Alençon un simple détail, et après  avoir passé des châteaux d’eau et un chemin de fer, nous voyons arriver une voiture d’auto-école nous klaxonnant.  Ma petite sœur, qui a pris soin de faire parcourir à son élève un circuit lui permettant (à elle) de nous croiser, nous fait coucou. Et puis voilà.

Nous continuons notre route, dans quelques minutes nous pourrons prendre sur la droite un chemin. Ce sera beaucoup plus plaisant. Quand soudain, la voiture d’auto-école nous fait signe de venir parler à sa vitre avant-droite. En guise de porte-bonheur, elle nous tend deux bières. Plus tard, quand nous les dégusterons, nous verrons pour la première fois, et bien que nous connaissions déjà cette marque ; que ces bières sont brassées en France, mais selon une recette, et sous contrôle de… Amsterdam !  Forcément nous prendrons ça pour un signe. Tout est signe, d’ailleurs : ces deux trèfles à quatre feuilles que Pépite trouvera plus tard, ma bague de nomades touaregs, achetée à un Targui Nigérien quelques jours auparavant ; et cette pluie qui arrosera Alençon durant cette première journée mais nous épargnera, alors que nous ne serons qu’à quelques kilomètres sur les hauteurs d’Ecouves… Le monde a tout  fait concorder afin que notre voyage soit sous une bonne étoile… Nous bénéficions de la protection d’une force invisible et mystique ! (Les optimistes sont des imbéciles heureux, et les pessimistes , des imbéciles malheureux.  Il y a tout de même une catégorie plus attrayante, non ?)


Le chemin vers la forêt d’Ecouves nous apprit qu’il pouvait exister des coquelicots roses. Dans un champ de blé, et loin de moi l’idée de vouloir faire des généralités et participer à la propagation de clichés réducteurs, mais, en y réfléchissant bien,  il faut admettre que les coquelicots élisent souvent domicile dans un champ de blé ; pas tous, bien évidemment, mais beaucoup quand même ; bref, je disais, dans un champ de blé, au milieu de coquelicots respectant la norme : trois coquelicots roses !  Anomalie génétique ? Hallucination de notre part ? Espèce
rarissime ?  N’ayant pas de réponse, nous prîmes une photo.

1jour05

Arrivés à la lisière de la forêt, nous avions déjà mangé un casse-croûte à la confiture, et nous nous étonnâmes d’être arrivés là si vite. Avec tant de facilité, c’est sûr, nous serons de l’autre côté de la forêt avant ce soir !

Dans la forêt il y avait beaucoup d’arbres. Il y avait également un cerf que Pépite a vu en entier, et moi à moitié ; des fougères nous faisant don au passage de quelques tiques qui voulaient voyager ; et  en plein milieu, les délimitations d’une zone de tir sur lesquelles étaient inscrites : « PASSEZ ». D’autres panneaux nous menaçaient de danger de mort en cas de non-respect des indications, mais là, tout allait bien, puisqu’il était écrit : « PASSEZ ».
Nous engageant dans la zone potentiellement dangereuse mais pas aujourd’hui, Pépite me fit cette remarque pertinente :

 - Et comment on fait si ça passe à NE PASSEZ PAS pendant qu’on est dedans ?

Amusé par cette remarque, je me dis que si je possédais une centrale nucléaire, je confierais sa sûreté à Pépite. Elle, au moins, a le talent d’explorer toutes les possibilités…
Une fois de plus,  la chance était avec nous car nous avons pu traverser cette zone et vivre la suite de notre vie. Nous sommes plus tard tombés sur un sentier botanique , mais, nous étions-nous écartés sans le voir ? ou était-ce réellement du foutage de gueule ? nous n’avons vu que trois panneaux explicatifs. Nous avons en tous cas appris ce qu’étaient un frêne et un autre arbre dont nous avons oublié le nom… Après tout, nous ne sommes pas passés là pour ça. Après avoir réussi à avancer grâce aux chemins et voyant que tout se passait bien, nous avons décidé de couper à travers les parcelles, sans les chemins. Pour essayer. Pour être plus au cœur de la forêt. Pour se rêver aventuriers.  Enfants, on entend des tas d’histoires sur les forêts. Surtout des histoires de gens perdus. La réalité adulte, c’est qu’il est effectivement pas évident de se frayer un chemin qui soit une pure ligne droite. On arrive toujours plus à gauche ou plus à droite de l’endroit prévu. Mais de là à tourner en rond et se perdre à tout jamais, ça sent le champignon hallucinogène à plein nez, ces histoires ! Ou alors, le rond en question fait dix kilomètres de diamètre, et là, le promeneur ne se rend pas compte qu’il est sur un cercle. Ca tombe bien, en France, nulle forêt où l’on puisse placer un cercle de dix kilomètres de diamètre sans qu’il ne croise un chemin de l’Office National des Forêts. De l’intérieur on l’oublierait presque,  mais Google Earth m’a rappelé que vu du ciel, les forêts françaises ne sont presque plus que des champs d’arbres…

Nous avancions donc en ligne approximativement droite pour atterrir le plus près possible de la sortie désirée.  Nous regardions la beauté de cette forêt et discutions beaucoup, car il s’agissait de la première journée : l’énergie et l’entrain étaient là. Contournant un lotissement de fougères car je n’avais pas de pince à épiler, je finissais un mégot retrouvé dans mon paquet de cigarettes vide. Nous passions de zones humides en zones plus sèches, de passages dégagés en endroits envahis de ronces, et faisions tout pour garder le cap et arriver sur la bonne parcelle de forêt. Après plusieurs minutes et je ne sais plus combien de sujets de discussion abordés, nous sentîmes quelque chose comme le moment  de rejoindre un chemin. Ce devait être légèrement sur notre droite, et là, nous serions à la parcelle 149.
149 étant naturellement un nombre pris au hasard car je ne me souviens plus du numéro dont il était réellement question à ce moment là. Mais en dérivant légèrement sur la droite, nous serions sur le chemin, et là, déjà le temps de le dire, nous pouvions voir des éclaircies dans le feuillages des arbres.  Légèrement essoufflé, je laissais Pépite prendre de l’avance, car elle désirait s’informer de la situation. Je m’asseyais même sur un tronc d’arbre en la rejoignant  car je ne sentais plus mes genoux. Je les voyais bien sûr, pouvais les mouvoir également, mais point les sentir. Drôle de sensation je te l’accorde, mais j’étais habitué à ce genre de choses car déjà il m’était arrivé en prenant ma douche, par exemple, de frotter mes bras sans les sentir. Sensation d’une anesthésie sans avoir été anesthésié…

- Je crois qu’il y a un problème ! me dit Pépite. On doit dériver depuis un moment…
- Ah bon ? répondis-je
- Oui.
- Ah.

Oubliant mes genoux, je la rejoignis pour me rendre compte. Je me rendis effectivement compte, et plutôt deux fois qu’une, car surpris voire choqué, je rentrai à nouveau dans la forêt, fis quelques pas de retour en arrière puis ressortis afin de voir si je me rendais compte de la même chose encore une fois : malheureusement oui. Un chemin devait normalement nous attendre et nous mener à un carrefour forestier, mais ce que nous voyions là faisait froid dans le dos : le lavoir de Saint-Rigomer-des-Bois...
Autrement dit notre village d’enfance. Avec tout ce qu’il faut autour : le village, les maisons, la route, la salle des fêtes.

Comment était-ce possible ?

Les gouttes de sueur froide coulant sur mon front n’apportaient aucune solution et Pépite me regardait d’un air suspicieux. Je voyais également qu’elle attendait quelque chose de moi mais je ne savais pas quoi. Je me sentais comme un lapin à qui on aurait jeté des mottes de terre sur le crâne…

...

Je ne sais pas exactement combien furent les minutes de léger tremblement et de regard hagard qui suivirent.  Apparemment trop au goût de Pépite, qui s’affairait à me délivrer de légères claques lorsqu’un voile blanc se dissipa dans ma vision. Je parcourus du regard les alentours : plus de lavoir. Que s’était-il passé ?

- Ce chemin va nous mener au carrefour forestier, m’informa Pépite, qui m’adressait toujours cette lueur de suspicion dans son regard.
J’écrasai machinalement le mégot qui tombait de ma main et pris ce chemin qui nous attendait. A quelques mètres près, nous étions arrivés au bon endroit.


1jour08

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