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En route vers les tulipes !!!
28 septembre 2011

En route

Le premier pas, tant attendu, se fit un samedi, en milieu de matinée. Notre route vers Amsterdam commençait ! Partant de la mairie, nous revîmes les endroits que nous fréquentions depuis plusieurs mois. « Notre » bureau de tabac, « notre » boulangerie, « notre » parking… Quelques mètres après la boulangerie, notre appartement. Mais cette fois, plus de clé à glisser dans la serrure, plus d’escalier à monter, ni de chaussure à balancer en refermant la porte.

Cette fois, il faut continuer tout droit, et notre lit de ce soir n’a pas encore d’adresse...

Les premiers kilomètres se font avec une facilité étonnante. S’il en était ainsi durant tout le voyage, et pour tous voyages, le monde entier ferait le tour de la planète pour se divertir, et la voiture n’aurait jamais été inventée...  Douce sensation de légèreté  qui nous enveloppe aux premières heures ! A savourer,  car cela ne dure jamais ! La légèreté se révèle vite illusoire, et la réalité, c’est le sac à dos. Sac qui ne manquera pas de présenter quelques petites gênes au fil du chemin, qui elles-mêmes, après s’être bien installées, se changeront en douleurs. Bien sûr, avant de se retrouver complètement ralenti, boitillant au bord d’une nationale, peuvent défiler de nombreux kilomètres, mais prudence, ça vient toujours !
En ce qui nous concerne, pour l’instant notre aura mystique a l’air d’effrayer les difficultés : nous nous sentons sous un bon jour. Nous faisons de la sortie d’Alençon un simple détail, et après  avoir passé des châteaux d’eau et un chemin de fer, nous voyons arriver une voiture d’auto-école nous klaxonnant.  Ma petite sœur, qui a pris soin de faire parcourir à son élève un circuit lui permettant (à elle) de nous croiser, nous fait coucou. Et puis voilà.

Nous continuons notre route, dans quelques minutes nous pourrons prendre sur la droite un chemin. Ce sera beaucoup plus plaisant. Quand soudain, la voiture d’auto-école nous fait signe de venir parler à sa vitre avant-droite. En guise de porte-bonheur, elle nous tend deux bières. Plus tard, quand nous les dégusterons, nous verrons pour la première fois, et bien que nous connaissions déjà cette marque ; que ces bières sont brassées en France, mais selon une recette, et sous contrôle de… Amsterdam !  Forcément nous prendrons ça pour un signe. Tout est signe, d’ailleurs : ces deux trèfles à quatre feuilles que Pépite trouvera plus tard, ma bague de nomades touaregs, achetée à un Targui Nigérien quelques jours auparavant ; et cette pluie qui arrosera Alençon durant cette première journée mais nous épargnera, alors que nous ne serons qu’à quelques kilomètres sur les hauteurs d’Ecouves… Le monde a tout  fait concorder afin que notre voyage soit sous une bonne étoile… Nous bénéficions de la protection d’une force invisible et mystique ! (Les optimistes sont des imbéciles heureux, et les pessimistes , des imbéciles malheureux.  Il y a tout de même une catégorie plus attrayante, non ?)


Le chemin vers la forêt d’Ecouves nous apprit qu’il pouvait exister des coquelicots roses. Dans un champ de blé, et loin de moi l’idée de vouloir faire des généralités et participer à la propagation de clichés réducteurs, mais, en y réfléchissant bien,  il faut admettre que les coquelicots élisent souvent domicile dans un champ de blé ; pas tous, bien évidemment, mais beaucoup quand même ; bref, je disais, dans un champ de blé, au milieu de coquelicots respectant la norme : trois coquelicots roses !  Anomalie génétique ? Hallucination de notre part ? Espèce
rarissime ?  N’ayant pas de réponse, nous prîmes une photo.

1jour05

Arrivés à la lisière de la forêt, nous avions déjà mangé un casse-croûte à la confiture, et nous nous étonnâmes d’être arrivés là si vite. Avec tant de facilité, c’est sûr, nous serons de l’autre côté de la forêt avant ce soir !

Dans la forêt il y avait beaucoup d’arbres. Il y avait également un cerf que Pépite a vu en entier, et moi à moitié ; des fougères nous faisant don au passage de quelques tiques qui voulaient voyager ; et  en plein milieu, les délimitations d’une zone de tir sur lesquelles étaient inscrites : « PASSEZ ». D’autres panneaux nous menaçaient de danger de mort en cas de non-respect des indications, mais là, tout allait bien, puisqu’il était écrit : « PASSEZ ».
Nous engageant dans la zone potentiellement dangereuse mais pas aujourd’hui, Pépite me fit cette remarque pertinente :

 - Et comment on fait si ça passe à NE PASSEZ PAS pendant qu’on est dedans ?

Amusé par cette remarque, je me dis que si je possédais une centrale nucléaire, je confierais sa sûreté à Pépite. Elle, au moins, a le talent d’explorer toutes les possibilités…
Une fois de plus,  la chance était avec nous car nous avons pu traverser cette zone et vivre la suite de notre vie. Nous sommes plus tard tombés sur un sentier botanique , mais, nous étions-nous écartés sans le voir ? ou était-ce réellement du foutage de gueule ? nous n’avons vu que trois panneaux explicatifs. Nous avons en tous cas appris ce qu’étaient un frêne et un autre arbre dont nous avons oublié le nom… Après tout, nous ne sommes pas passés là pour ça. Après avoir réussi à avancer grâce aux chemins et voyant que tout se passait bien, nous avons décidé de couper à travers les parcelles, sans les chemins. Pour essayer. Pour être plus au cœur de la forêt. Pour se rêver aventuriers.  Enfants, on entend des tas d’histoires sur les forêts. Surtout des histoires de gens perdus. La réalité adulte, c’est qu’il est effectivement pas évident de se frayer un chemin qui soit une pure ligne droite. On arrive toujours plus à gauche ou plus à droite de l’endroit prévu. Mais de là à tourner en rond et se perdre à tout jamais, ça sent le champignon hallucinogène à plein nez, ces histoires ! Ou alors, le rond en question fait dix kilomètres de diamètre, et là, le promeneur ne se rend pas compte qu’il est sur un cercle. Ca tombe bien, en France, nulle forêt où l’on puisse placer un cercle de dix kilomètres de diamètre sans qu’il ne croise un chemin de l’Office National des Forêts. De l’intérieur on l’oublierait presque,  mais Google Earth m’a rappelé que vu du ciel, les forêts françaises ne sont presque plus que des champs d’arbres…

Nous avancions donc en ligne approximativement droite pour atterrir le plus près possible de la sortie désirée.  Nous regardions la beauté de cette forêt et discutions beaucoup, car il s’agissait de la première journée : l’énergie et l’entrain étaient là. Contournant un lotissement de fougères car je n’avais pas de pince à épiler, je finissais un mégot retrouvé dans mon paquet de cigarettes vide. Nous passions de zones humides en zones plus sèches, de passages dégagés en endroits envahis de ronces, et faisions tout pour garder le cap et arriver sur la bonne parcelle de forêt. Après plusieurs minutes et je ne sais plus combien de sujets de discussion abordés, nous sentîmes quelque chose comme le moment  de rejoindre un chemin. Ce devait être légèrement sur notre droite, et là, nous serions à la parcelle 149.
149 étant naturellement un nombre pris au hasard car je ne me souviens plus du numéro dont il était réellement question à ce moment là. Mais en dérivant légèrement sur la droite, nous serions sur le chemin, et là, déjà le temps de le dire, nous pouvions voir des éclaircies dans le feuillages des arbres.  Légèrement essoufflé, je laissais Pépite prendre de l’avance, car elle désirait s’informer de la situation. Je m’asseyais même sur un tronc d’arbre en la rejoignant  car je ne sentais plus mes genoux. Je les voyais bien sûr, pouvais les mouvoir également, mais point les sentir. Drôle de sensation je te l’accorde, mais j’étais habitué à ce genre de choses car déjà il m’était arrivé en prenant ma douche, par exemple, de frotter mes bras sans les sentir. Sensation d’une anesthésie sans avoir été anesthésié…

- Je crois qu’il y a un problème ! me dit Pépite. On doit dériver depuis un moment…
- Ah bon ? répondis-je
- Oui.
- Ah.

Oubliant mes genoux, je la rejoignis pour me rendre compte. Je me rendis effectivement compte, et plutôt deux fois qu’une, car surpris voire choqué, je rentrai à nouveau dans la forêt, fis quelques pas de retour en arrière puis ressortis afin de voir si je me rendais compte de la même chose encore une fois : malheureusement oui. Un chemin devait normalement nous attendre et nous mener à un carrefour forestier, mais ce que nous voyions là faisait froid dans le dos : le lavoir de Saint-Rigomer-des-Bois...
Autrement dit notre village d’enfance. Avec tout ce qu’il faut autour : le village, les maisons, la route, la salle des fêtes.

Comment était-ce possible ?

Les gouttes de sueur froide coulant sur mon front n’apportaient aucune solution et Pépite me regardait d’un air suspicieux. Je voyais également qu’elle attendait quelque chose de moi mais je ne savais pas quoi. Je me sentais comme un lapin à qui on aurait jeté des mottes de terre sur le crâne…

...

Je ne sais pas exactement combien furent les minutes de léger tremblement et de regard hagard qui suivirent.  Apparemment trop au goût de Pépite, qui s’affairait à me délivrer de légères claques lorsqu’un voile blanc se dissipa dans ma vision. Je parcourus du regard les alentours : plus de lavoir. Que s’était-il passé ?

- Ce chemin va nous mener au carrefour forestier, m’informa Pépite, qui m’adressait toujours cette lueur de suspicion dans son regard.
J’écrasai machinalement le mégot qui tombait de ma main et pris ce chemin qui nous attendait. A quelques mètres près, nous étions arrivés au bon endroit.


1jour08

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